Jeewon Palvishee

« La perception que le monde a de moi n’est pas quelque chose que je choisirais de porter »
Deux de ses grandes passions sont la peinture et la couture (broderie). À travers sa peinture et son art textile, elle cherche à illustrer son expérience personnelle, à immortaliser l’expérience de la vie des femmes et à la partager avec d’autres.
Jeune artiste, Palvishee Jeewon a grandi à Roches-Noires, à l’île Maurice. Née le 8 mars 1996, elle est fascinée par l’art dès son plus jeune âge. Cela l’a conduite à rejoindre l’école des Beaux-Arts de l’île Maurice où elle a obtenu sa Licence en arts avec spécialisation en peinture de l’Université de l’île Maurice en collaboration avec l’Institut Mahatma Gandhi après 4 ans d’étude.
Atteinte de deutéranopie (daltonisme rouge-vert) à l’adolescence, elle n’a pas abandonné sa passion pour l’art et a obtenu une bourse d’études à l’ESADMM, en France, après avoir été classée première lors de ses études universitaires. Rejoindre une école internationale à l’étranger était nouveau pour elle, mais elle a relevé le défi et a terminé son master en arts avec succès. Pendant son master, elle a travaillé à temps partiel comme éducatrice artistique dans des centres de loisirs pour couvrir les frais de matériel pendant ses études.
Pendant son séjour en France, elle a été invitée par le maire de Martigues France pour une exposition collective d’été en 2021. Elle a également participé au 39ème Salon de Mai, qui était sa toute première exposition à Maurice en tant que jeune artiste. Palvishee travaille actuellement comme enseignante à l’école des Beaux-Arts de l’île Maurice.
Ses œuvres sont le fruit de son expérience personnelle en tant que femme. Lorsqu’on lui demande de parler de ses peintures, elle répond « la femme. Très inspirée par la mythologie indienne, elle crée ses propres motifs où chacun a sa propre signification.
Mon travail est basé sur mon expérience personnelle, qui est un produit d’un ordre social patriarcal. Vivre dans un environnement où les femmes sont considérées comme de simples objets, appartenant à quelqu’un et devant respecter les règles définies par les hommes.
Bien que notre monde soit décrit comme civilisé, de nombreuses femmes dans de nombreux pays, cultures, familles et foyers subissent encore la pression du patriarcat. Même les mères et les grands-mères qui ont aussi vécu cette douloureuse vie opprimée sous le contrôle des hommes, sont conditionnées à croire que les filles doivent être contrôlées et apprivoisées, à leur tour, imposant les mêmes restrictions à leurs filles et les préparant à devenir la propriété d’un futur mari, renforçant ainsi la règle du patriarcat.
Notre corps, notre vie ne nous appartient pas, mais aux hommes, à la société avec tout son contrôle et ses limites pour les femmes. Nous sommes jugées par les hommes, par la société, par les religions avec des lois écrites et non écrites qui limitent notre rôle dans toutes les sphères de la vie, nous sommes obligées de vivre une vie qui n’est vraiment pas la nôtre. Comment nous habiller, où allons-nous, comment nous asseyons-nous, comment nous marchons, qui nous rencontrons, ne devrait pas rester notre propre préoccupation en premier ? Ne devrions-nous pas prendre le contrôle de notre corps, de notre vie et avoir la même liberté que notre homologue masculin de décider pour nous-mêmes ? Nous savons tous qu’il existe des tabous autour de la sexualité et de l’hygiène des femmes, malgré une grande sensibilisation. Nombreuses sont celles qui se sentent encore timides et gênées de parler ouvertement de leur sexualité. En outre, elles se sentent même gênées d’acheter et de sécher de la lingerie ! Oui, dans certaines cultures et sociétés, sécher de la lingerie dans un espace ouvert est considéré comme une véritable honte.
Pour ce travail, j’ai eu l’idée que dans certaines sociétés et cultures, le fait de sécher des culottes et des soutien-gorge dans un espace ouvert est une sorte de honte, mais qu’au contraire, il est parfaitement approprié pour les hommes de sécher les leurs.
Nombreux sont ceux qui pensent que les sous-vêtements d’une personne sont très privés et doivent le rester. Il n’est pas nécessaire de les étaler et de laisser les gens savoir quelle couleur ou quelle marque vous portez.
Les soutien-gorge restent un vêtement déclencheur, non seulement parce que les hommes ne peuvent pas y faire face, mais aussi parce que les femmes les ont méticuleusement cachés, sans jamais leur donner l’occasion d’être au grand jour. Ce n’est pas la lingerie qui est coupable, c’est le patriarcat et la stigmatisation.
« J’utilise des vêtements d’occasion comme métaphore pour représenter la société, ma famille, l’environnement dans lequel je vis. Les vêtements d’occasion peuvent être une perte pour les autres, mais pour moi je pense que c’est une grande découverte. La découverte des émotions, de sentiments, de la présence ou de l’identité de quelqu’un, parce qu’un cœur a battu derrière ces vêtements auparavant. Chaque femme est unique, peu importe sa race, son origine ethnique, son orientation sexuelle, son statut socioéconomique, son âge, ses capacités physiques, ses croyances religieuses ou ses convictions politiques. Je m’efforce de donner une voix à toutes ces femmes. Nous les femmes, on nous apprend depuis l’enfance l’importance de rendre les autres heureux : sois belle, tais-toi, sois sympa, sois exactement comme il le veut. Et donc on apprend à s’adapter, à se montrer uniquement sous son meilleur jour devant ceux à qui on essaie de plaire.
Mais nos autres facettes sont toujours encore là, à couver, à bouillir, avec la sensation d’être désagréable, d’être ignorée, bannie, bien dissimulées sous un joli sourire.
Nous sommes de gentilles filles qui sont en réalité… apeurées.
La vision de VLFineart
Jeewoon veut s’affranchir de ses carcans éducatifs et, à travers son art, exprime sa révolte contre les schémas patriarcaux. Sa création devient un moyen de contestation et de libération.
Les oeuvres de Jeewon Palvishee

The washing line
« The washing line 160 x 140 cm »

Mo Mama So Robe
« Mo Mama So Robe 110 x 30 cm »

Kilot Ble
« Kilot Ble 120 x 100 cm »

Kilot Fushia
« Kilot Fushia 120 x 100 cm »

Les Kocottes
« Les Kocottes 200 x 150 cm »

Lotus 2
« Lotus 2 200 x 110 cm Broderie »